Théodore a eu tort, aura toujours tort. 

Théo, ce père qui me terrorisait enfant. Ce père qui n’a cessé de me dénigrer, de me ridiculiser et de m'écraser. Cet homme, mon unique modèle masculin et à qui, malheureusement, je ressemble physiquement, mais également un peu dans  l’expression de ma colère, de mon impatience et de mes brusqueries. 

Ce père qui n’en était pas un et à qui je ne veux pas ressembler.

— Allô maman.

— ...

— Maman, t’es là ?

— Jérôme ? C’est toi ?

— Oui m’man c’est moi. Comment tu vas ?

— ...

— Maman ?

— Ça va, ça va. Mais tu peux pas savoir c’que ça m’fait de t’entendre !

— Pleure pas maman, tu l’sais qu’j’aime pas ça.

Je voudrais tant en ce moment avoir le talent du langage des émotions, lui demander pardon. Lui dire qu’elle me manque, que je veux la voir et pas seulement pour qu’elle me procure un toit pour quelque temps, mais simplement parce que je l’aime. 

Mais au lieu de ça…

Je vis en sens contraire de mon désir. Je repousse dans les sphères les plus profondes de mon être les élans de mon corps et de mon cœur. Parviendrais-je un jour à m’être fidèle ?